Souvenir d'impro...

Publié le par anaka

Deux petites photos pour tenter de raconter l'ambiance de cette demi-heure d'improvisation dans le cadre du Festival d'impro au Perce-Oreille à Reignier, le 17 mai 2009.


Nous voici donc, quatre, ne nous connaissant pas quelques minutes avant d'affronter la scène.

Alexandre, jeune guitariste et photographe, à l'univers ultra-sensible gorgé de nature mystérieuse et de forêts embrumées.

Christophe, comédien,  improvisateur, qui va inventer sur scène une histoire à dormir debout de chevalier et de princesse... Il faut l'entendre pour le croire... et le découvrir aussi, à travers ses activités :


Marie, danseuse à l'énergie fulgurante, se joint à nous pour mimer tantôt la sorcière, tantôt le chevalier, dans une expressivité irrésistible !

Pendant le récit, je pose les mots en écriture scripturale qui permettent de jalonner cette promenade insensée au pays des contes.

Magnifique expérience, et belle rencontre...


Le conte est retranscrit de mémoire par Christophe, quelques heures après son exécution.
Le plexi écrit pendant l'impro est en cours de réalisation.


Vladko le magnifique et la sorcière scrofuleuse


Vladko le magnifique est ce guerrier impétueux et magnifique. Il chevauche parmi les frondaisons herbeuses, les prairies ondoyantes. Son cheval Bouche-bée s'oriente dans les forêts sombres en interprétant le vol des mouches lorsque la danse tournoyante des insectes se confond avec la poussière du soleil. Vladko avance parmi les futaies ombrageuses et les prairies baignées de soleil. Il a cet air indéfinissable, courageux et fier, que les pochettes des magazines tentent de capter sans y jamais parvenir.


Un oiseau capricieux tournoie tout à coup au-dessus de sa tête et le heurte en pleine chevauchée. Il se pose au côté de Vladko et de son cheval. Ses ailes maladroites s'ébrouent avant de retomber lourdement. L'oiseau fixe Vladko qui regarde l'oiseau sans sourciller. "Tu trouveras au loin, là où l'horizon s'arrondit pour former une vasque, une grotte noire. Dans cette grotte habite la sorcière scrofuleuse Bouteflaque. Elle a fait prisonnière la plus belle fille qui se puisse imaginer pour lui donner les plus hideuses apparences. Elle l'a transformée à son image. Ne sourcille pas lorsque tu la verras. Elle est aussi hideuse que sa merveilleuse beauté passée. Elle ressemble désormais à une vieille rombière. Tu auras, Vladko le magnifique, le courage de la prendre avec toi. Même si elle a les yeux globuleux, les mains visqueuses, les jambes et les bras couverts de vergetures et de pustules. Ses cheveux sont jaunes et pisseux."


Vladko écoute son cœur et son courage. Il chevauche jusqu'au bout de l'horizon là où celui-ci se mélange à la poussière du soleil. Il pénètre dans une caverne noire dans laquelle sous les stalacmites morfondus, au milieu des sources écarlates trône la sorcière. Elle est repoussante telle que l'avait décrit l'oiseau. Vladko le magnifique n'a pas peur des sorcières. Celles-ci ont toujours l'immodestie de croire que quelques crapauds jetés dans une marmite bouillante puissent désenchanter le monde, et disloquer hommes et femmes. Vladko se gausse de la sorcière. Elle pousse un cri de rage en scandant : "Si tu me découpes en mille morceaux, il y aura toujours la queue, le plus petit morceau de queue d'un serpent qui continuera à frétiller." Le coutelas de Vladko beugle dans son fourreau. Vladko découpe la vieille Bouteflaque en huit morceaux. Puis par la grâce des lois exponentielles, d'un seul coup d'un seul il la découpe en 64 morceaux avec son coutelas.


Au fond de la caverne il trouve une rombière hideuse et scrofuleuse. Ses mains sont visqueuses et ses cheveux jaunes et pisseux. Il la pose sur l'encolure de Bouche-bée avant de la faire reposer pendant trois jours et trois nuits dans la poussière du soleil. Il la couche dans l'herbe verte et dans le jaune des pissenlits. Au troisième jour, lorsque la lune s'aplatit sous l'éclat de la nuit, la belle est redevenue telle qu'elle était au premier jour. Vladko ébloui devant tant de beauté vacille un instant et se tient à l'encolure de Bouche-bée avant de mettre un genou à terre. La princesse est merveilleuse. Et rares sont les hommes sur cette terre capable de supporter tant de beauté incarnée en une seule créature sans tomber à la renverse.


La princesse et Vladko chevauchent des jours et des nuits avec Bouche-bée qui s'oriente grâce à la poussière du soleil. Ils traversent les rivières bleues et les frondaisons herbeuses, les prairies rosies par le soleil couchant. Ils parcourent les forêts vertes et sombres, et les champs de pissenlit. Ils arrivent dans le château du grand Chambellan, demeure du roi et de sa douce reine, où, depuis des lustres, se font et se défont les révolutions de palais. Lorsque Vladko le Magnifique, avec cet air rare et indéfinissable que tente de capturer les premières pages des magazines, dépose la princesse au pied du roi et de sa reine, aussitôt ceux-ci reconnaissent leur fille telle qu'ils l'ont connu au premier jour : Belle et radieuse.


Le roi pousse un grand rugissement de joie qui fait encore vibrer les vitres du palais. Le bonheur emplit la cour du roi. Oubliées les révolutions de palais. Le bonheur scintille comme un arc-en-ciel de mille couleurs jusqu'au tréfonds du royaume.

 

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